Pour commenter un texte argumentatif, il faut identifier la stratégie de l’auteur. Cherche-t-il à convaincre son lecteur, à le persuader, ou à délibérer en confrontant plusieurs points de vue?

I ) Convaincre

1) Définition de convaincre

Pour convaincre, un auteur fait appel à la raison de son lecteur. Il propose donc des arguments logiques et rationnels. Il s’appuie également sur des informations vérifiables et des exemples clairs.

2) Procédés utilisés pour convaincre

• Structure claire et soignée, facile à comprendre
• Thèse et arguments explicites, faciles à identifier
• Connecteurs logiques (concession, cause/conséquence…) qui définissent les différentes étapes du texte
• Registre didactique et polémique
• Exemples tirés de l’histoire, de la littérature, de l’actualité…

3) Exemple

“C’est une dangereuse invention que celle de la torture, et il semble bien que ce soit plus une épreuve d’endurance que de vérité. Celui qui peut la supporter cache la vérité tout autant que celui qui ne le peut pas. Pourquoi en effet la douleur me ferait-elle plutôt dire ce qui est que ce qui n’est pas ? Et à l’inverse, si celui qui est innocent de ce dont on l’accuse est assez fort pour supporter ces souffrances, pourquoi celui qui en est coupable ne le serait-il pas lui aussi, quand en échange ce qu’on lui propose est d’avoir la vie sauve ? Je pense que le fondement de cette invention réside dans la considération accordée à l’effort de la conscience. Car dans le cas du coupable, il se pourrait qu’elle l’affaiblisse, et s’ajoute à la torture pour lui faire confesser sa faute ; à l’inverse, elle fortifierait l’innocent contre ses tourments. Mais en vérité, c’est un moyen plein d’incertitude et de danger. Que ne dirait-on pas, que ne ferait-on pas pour échapper à des souffrances aussi horribles ?“

“Sur la conscience”, Essais, Michel de Montaigne

Dans cet extrait, Montaigne veut convaincre son lecteur de l’inutilité de la torture.

Pour cela, il utilise des connecteurs logiques qui structurent le texte. Les questions permettent d’identifier clairement ses différents arguments : la souffrance ne fait pas forcément avouer, la personne torturée ne dit pas nécessairement la vérité, un innocent peut s’accuser pour mettre fin à son supplice.

II) Persuader

1) Définition de persuader

Pour persuader, un auteur fait appel aux sentiments de son lecteur. Il tente alors de l’émouvoir, de le séduire et de créer une complicité avec lui afin qu’il adhère à ses idées.

2) Procédés utilisés pour persuader

• Registres lyrique, ironique, comique, pathétique…
• Champ lexical des émotions, des valeurs défendues par le texte (courage, vérité, justice…)
• Utilisation des pronoms “vous” pour interpeller le lecteur et “nous” pour créer une connivence avec lui
• Références culturelles communes qui mettent le lecteur en confiance
• Argumentation implicite, basée sur les sous-entendus et la connotation
• Nombreuses questions et exclamations

3) Exemple

“Écoutez. Une femme au profil décharné, 
Maigre, blême, portant un enfant étonné,
Est là qui se lamente au milieu de la rue.
La foule, pour l’entendre, autour d’elle se rue.
Elle accuse quelqu’un, une autre femme, ou bien
Son mari. Ses enfants ont faim. Elle n’a rien; 
Pas d’argent; pas de pain; à peine un lit de paille.
L’homme est au cabaret pendant qu’elle travaille.“

Dans son poème “Melancholia”, Victor Hugo observe les injustices sociales de son époque. Il les dénonce de façon implicite en dressant le portrait d’une femme pauvre, et en incitant les lecteurs à la prendre en pitié.

Pour mieux les persuader, l’auteur interpelle ses lecteurs grâce à l’impératif “Ecoutez”. De plus, il utilise le registre pathétique et de nombreuses négations afin de montrer son dénuement et de déclencher la pitié du lecteur.

III) Délibérer

1) Définition de délibérer

Délibérer consiste à exposer plusieurs points de vue autour d’un même sujet. Pour cela, on examine les différents aspects d’une question, on pèse le pour et le contre. On s’interroge avant de prendre une décision.

2) Procédés utilisés pour délibérer

• Rythmes et structures binaires, montrant une alternance entre deux points de vue
• Présence d’un dilemme ou d’une problématique
• Utilisation d’hypothèses, du conditionnel ou du subjonctif pour envisager les différentes situations
• Champs lexical de l’incertitude, de l’hésitation
• Monologue intérieur ou dialogue

3) Exemple

“Où suis-je ? Qu’ai-je fait ? Que dois-je faire encore ?
Quel transport me saisit ? Quel chagrin me dévore ?
Errante et sans dessein, je cours dans ce palais.
Ah ! ne puis-je savoir si j’aime ou si je hais ?
Le cruel ! de quel œil il m’a congédiée :
Sans pitié, sans douleur au moins étudiée !
L’ai-je vu s’attendrir, se troubler un moment ?
En ai-je pu tirer un seul gémissement ?
Muet à mes soupirs, tranquille à mes alarmes,
Semblait-il seulement qu’il eût part à mes larmes ?
Et je le plains encore ! Et pour comble d’ennui,
Mon cœur, mon lâche cœur s’intéresse pour lui !
Je tremble au seul penser du coup qui le menace !
Et prête à me venger je lui fais déjà grâce !
Non, ne révoquons point l’arrêt de mon courroux.
Qu’il périsse ! aussi bien il ne vit plus pour nous.”

Dans Andromaque de Racine, Pyrrhus refuse d’épouser sa fiancée Hermione. Pour se venger celle-ci décide de le faire assassiner.

Le dernier acte de la tragédie s’ouvre sur un monologue délibératif. Alors qu’elle a commandité le meurtre de Pyrrhus, Hermione s’interroge sur ses sentiments et doute de son choix.

Le dilemme est souligné par les champs lexicaux de la colère, de la douleur et de l’amour ainsi que par des antithèses. De plus, les nombreuses phrases interrogatives et exclamatives créent un effet de question-réponse qui donne l’impression d’un dialogue.

Pour en savoir plus sur l’analyse d’un texte argumentatif, retrouve les autres fiches de révision sur l’argumentation !